Chapitre 2: Vers de terre...
J'ai ratrappé toute la partie que j'avais perdu, cependant, mon chapitre n'est pas terminé mais voici le début:
Chapitre 2
Vers de terre...
Maïla,toi la meilleure amie que je n'ai jamais eu ;
Par où commencer alors que je suis partie sans rien te dire ? Te connaissant tu dois sûrement beaucoup m'en vouloir...Tout d'abord, je tiens à préciser que si je ne t'ai parlé de rien, c'est parce que j'étais certaine que tu m'aurais empêchée de presser la détente d'un revolver que j'ai trouvé, tout à fait pas hasard dans la chambre de ma mère, c'est là que je me suis dit : Comme la vie doit être douce dans ce monde dont personne n'ai jamais revenu... Si tous ceux qui y sont allé n'ont pas voulu retourner dans celui-ci, c'est qu'il doit être nettement mieux, sans obligation... Je n'aurais jamais voulu te faire de la peine – et malgré tout ce que tu trouverai à redire, je sais que tu en as – mais voilà c'est comme ça, dis toi que de là où je suis, je suis plus heureuse qu'avant. Passons à toi maintenant, tu du courage, plus que moi, alors vas au bout de tes rêve, je suis avec toi de tout mon cœur, même si je ne peux plus te le dire en face... Je sais que tu arrivera à ton but si tu le désire vraiment, n'abandonne jamais ! Et puis quand tu es sur le point de baisser les bras, pense à moi qui t'observe de là-haut, et à Thal qui t'aime plus que tout.
Alors pour la dernière fois : bonne chance ! Pardonne moi si tu le peux encore.
Ton amie Damila.
Ce papier bleu trempé de larme et des photos de ma mère, mon père et de mes frères : voilà tout ce qu'il me reste de mon ancienne vie. Je les range précieusement dans la poche de mon pantalon gris... un pantalon ?! Alors ainsi on m'a aussi dépouillé de ma robe pendant que je dormais, non pas qu'elle me sois très précieuse, mais dans ce moment précis j'aurais plus que jamais eu besoin de la porter sur moi. Mais je n'ai rien pue faire : tout est allé si vite ! Je ne me rappelle pas de grand chose, et les seuls petits moment dont je me souvienne sont très confus : Ma mère en larme me prenant dans ses bras, des cris de désapprobation, des pleurs même, et moi, incapable de parler ni même de bouger pendant que deux Dostrongs m'arrachent à l’étreinte de Laï et m' emmènent avec eux dans les profondeurs de la terre, incapable de répondre à Thal quand il m'a félicitée pour ma réussite, incapable de protester quand j'ai senti une aiguille se nicher dans mon avant-bras et que j'ai sombré dans l'inconscience.
Et maintenant je suis là, sur un lit d'hôpital en train de ne rien faire, si ce n'est de maudire une fois de plus les fichues cordes qui me rongent et me brûlent les poignets, jusqu'à ce que j’aperçoive le plafond... C'est impossible ! De la terre, des racines, quelques jeune pousses vertes... des choses banales mais que je n'ai pas eu l'occasion – ou le droit – de voir avant ce jour. Et je me souviens pourquoi j'ai tellement tenu à venir ici, pour pouvoir admirer cette nature encore longtemps et en faire profiter tout Nidlésia.
Pendant que je réfléchis, je ne me rend pas compte que le porte s'est ouverte et que quelqu'un est entré. C'est un jeune homme, pas beaucoup plus âgé que moi. Il a des cheveux bruns en bataille et un long visage fin. Ses vêtement sont les mêmes que les miens – exception faite de leur couleur noire – mais la chose qui me marque le plus chez lui sont ses yeux : bleus et profonds. En revanche, son regard livide n'égale en rien leur beauté, car il est vide, et ne dévoile rien d'autre qu'un livre fermé, et destiné à le rester encore bien longtemps. Je me demande comment un homme peut paraître aussi dépourvu d'émotion, car je n'arrive à déchiffrer aucun sentiment dans ses prunelles azur.
Perdue dans mes pensées, j’entends à peine le « bonjour. » qu'il me lance. Le ton de sa voix est en accord avec l'idée que je m'étais faite de lui : sans colère, sans frayeur, ni même gentillesse. Un simple « bonjour » calme mais pas trop, qui ne dévoile en rien ce qu'il pense de moi et qui me perturbe. Je pose alors mon regard sur lui.
– Bonjour. dis-je à mon tour d'un ton suffisant. Qui êtes-vous ?
Il passe un moment à poser son regard embrumé dans le vide, puis cligne des yeux comme s'il ne venait de comprendre ma question qu'alors.
– Je suis 217.
– Ce n'est pas un nom. fais-je remarquer sans trahir mon éternel manque de tact.
– Eh bien c'est le mien. répond-t-il. Depuis que je suis arrivé ici. J'ai
oublié mon ancien prénom quand on m'a tatoué mon numéro sur le bras – comme tout le monde ici, et bientôt comme toi. Mon numéro est 217 parce que j'étais le deux-cent-dix-septième choisi, ça se passe comme ça ici.
Alors bientôt, Maïla n'existera plus. C'est le prix à payer pour venir ici. Quand je pense à ce que disait Laï... elle appelait la krips les vers de terre et mon frère riait aux éclats. Moi je restais silencieuse en me disant que plus tard, je serai moi aussi vers de terre, et que ça, elle ne s'en doutait pas... Oh Laï si seulement tu pouvais être ici avec moi ! Me dis-je.
– Je vais te détacher. déclare 217.
Me détacher ? Ah oui, c'est vrais, mes liens ! Je les avais oublié.
– Ce n'est pas de refus. répond-je.
Sans même faire attention à ma raiponce, il sort un petit objet bleu de forme cylindrique de sa poche, s'approche de moi, et presse le petit bouton qui se trouve juste devant l'ouverture presque invisible de l'outil de métal.
– Ferme les yeux. m'ordonne-t-il.
J’obéis sans trop savoir à quoi m'attendre, puis j’entends un son électrique, et je ne peux m'empêcher de rouvrir mes yeux. Je regarde les cordes : elles ne sont plus qu'un tas de minuscules morceau déchiquetés !
– Comment avez-vous fait ça ? demandé-je.
– Ça, dit 217 en désignant son appareil, c'est un laser. Il à réduit tes cordes en cendres. Si je faisais la même chose sur un humain, ça marcherait aussi alors surtout, tient-toi à carreau.
Je déglutis.
– D'accord, j'ai compris le message...
– J'espère bien. Maintenant, lève-toi, on va prendre l'air.
Je saute de mon lit, mais ne réalise qu'à ce moment là que me tenir debout demande un effort surhumain à mes jambes toutes endolories. Pendant combien de temps suis-je rester immobile ? me demandé-je. Un, deux... trois jours ?
Après avoir fait plusieurs fois le tour de la pièce pour me réhabituer à marcher , 217 ouvre la porte et nous nous engageons dans un labyrinthe de de tunnels boueux.
De la terre, de la terre, encore de la terre, et régulièrement, de petites portes de fer qui servent sûrement à clore les habitations des gens d'ici que nous ne croisons d'ailleurs que rarement, tous avec le regard vide, et éteint. Voilà à quoi se résume notre panorama depuis une heure, jamais je n'aurais cru un jour me lasser de ce paysage. Tu parle de prendre l'air ! Ici, mieux vaut ne pas être claustrophobe... 217 qui marche en tête depuis le début ne m'a pas adressé la parole du trajet, et comme j'apprécie peu son habituel « je ne dit que le nécessaire », je ne lui ai rien dit non-plus, mais je n'arrive plus à m'en empêcher...
– Où allons-nous ? demandé-je résignée.
– Voir le tatoueur. me répond-t-il sans se retourner.
– Et c'est encore loin ?
– Non. Maintenant arrête de poser des question et accélère.
Il plaisante ! Au rythme auquel nous allons, je n'aurais plus de jambes d'ici une demi-heure !
Heureusement, cinq minutes suffise pour accéder à une porte sur laquelle est gravé le nom Sajuko. Tien ! C'est un prénom, pas un numéro.
– Frappe. m'ordonne 217.
J'obéis sans discuter. Je toque, un puis deux coup et la porte s'ouvre. Un grand homme d'âge moyen en caleçon et débardeur se tient sur le seuil. Il à le crane entièrement chauve excepté une fine mèche brune qu'il a tressé et laissé retomber sur son épaule droite Et ses bras... bien musclés et tatoués ! Entre les serpents, les araignées, les tortues et tous les autre, il serait impensable d'envisager de les compter. Quand il nous regarde en s'étirant nonchalamment laissant remonter son tee-shirt, et dévoiler le bas de son ventre, je vois que là aussi sont présents les mêmes symboles.
– J’espère que vous avez une bonne raison de me réveiller ! Nous avertit-il d'une voix roque.
Pas très accueillant mais au moins, ce n'est pas un automate ! songé-je avec enthousiasme.
– Nous sommes là pour que vous vous occupiez de Maïla qui est la nouvelle membre de la Krips. Explique 217 en me désignant.
Ce n'est qu'alors que Sajuko me vois réellement. Dans le regard qu'il me porte, je lis de la surprise, puis de la compati... mais pourquoi ? Est-ce parce que je n'ai pas peur, parce que je ne détourne pas les yeux devant le bouleversement lui même. Car c'est ce qu'il est, il est le seul à pouvoir chambouler mon existence. Envers lui, pourtant, j'éprouve soudainement de la sympathie, et me surprend même à lui offrir le premier sourire que j'ai dans ce monde souterrain. Un sourire qu'il me rend sans hésiter. Un regard, un sourire... un échange qui ne dure que quelques minutes mais qui pour moi est le seul qui en vaut la peine depuis que je suis ici. Dois-je imaginer que j'ai gagné un allier ? Je me répète sans cesse que je dois me méfier, pourtant je ne peux pas m'empêcher d'avoir confiance en lui.
– Entre, je t'en pris. dit-il à mon intention
J’obéis sans crainte mais seulement ai-je posté le pied sur le paillasson, Sajuko se met à hurler :
– Non, pas toi, vas t'en dire au grand seigneur qu'elle qu'elle est bien ici et que je prendrais moi même le soin de la lui ramener.
– Bien tatoueur.
Sur ce, 217 tourne les talons et s'enfonce dans les sombres couloir de la terre.
– Quels idiots ! s'exclame le grand homme me faisant sursauter. Ils se font tous mener par la bout du nez par cet imbécile de seigneur, mais ne le remarquent même pas.
A cet instant là pour la première fois, je ne peux m'empêcher d'éprouver de la compassion à l’égard de 217, et de tous ceux qui lui ressemblent. Ils ne sont pas eux même. Ce seigneur dont parle Sajuko ne leur a pas pris la vie, bien pire. Il leur a volé leur âme.
– Comment ce fait-il que vous n'êtes pas comme eux ? demandé-je soudainement.
– Comment ce fait-il que tu n'es pas comme eux Maïla ? me demande-t-il à son tour.
– Vous ne m'avez toujours pas répondu. fais-je remarqué.
– Comment peux-tu te demander qui je suis si toi même tu ne sais pas qui tu es.
Sa question me déstabilise. Je m'efforce d'être franche.
– Je m'appelle Maïla j'ai seize ans, je viens du village de néans où je vivais avec mon père, ma mère et mon frère Thal et...
Il balaie mes paroles d'un revers de main.
– Tout cela n'a aucune importance, je te parle de qui tu es à l'intérieur. Enfin petite, montre moi que tu n'es pas aussi bête que ceux qui on précédé ta venue ! Tu n'as pas peur, je le sens, alors je te repose la question : Qui es-tu ?
Je ne suis pas certaine de saisir le sens de sa question. Voyant que je ne répond pas, Sajuko souris, satisfait avant de changer de sujet.
– Bon, n'oublions pas que tu es là pour le tatouage. reprend-t-il.
Nous passons la matinée à parler de l'écriture et de la couleur de mon futur tatouage. Sajuko est bien plus intelligent que je ne le pensais, il pèse chacun de ses mots, les choisissant avec soin. Toutes ses phrases ont un sens caché et bien que méfiante, j’apprends petit à petit à apprécier sa présence.
Plus tard, il jette un œil à sa montre en constatant :
– Il est presque onze heures, je vais devoir te ramener au seigneur. Une fois là-bas, tu sera seule, je ne pourrais pas t'accompagner. Si je peux te donner un conseil, fais toi petite, le moindre mot de travers pourrais te coûter très cher. Il a beau être insupportable, il n'es pas idiot, fais attention.
Je hoche la tête.
– Ah, et une dernière chose, me glisse-t-il, demain, tu retournera ici pour que je te tatoue pour de bon, et tu oubliera tous ce que tu as vécu avant – avant de venir ici – tous ceux que tu as aimé. J'ai bien compris que tu étais différente des autres, alors je vais te faire une faveur comme je n'en ai encore fait à personne. (Il me tend un morceau de charbon et du papier.) Fais là dessus une liste courte de ce que tu veux garder en souvenir, juste le plus important, et je me débrouillerais pour les épargner. J'espère seulement que tu ne vas pas me décevoir sur ce que je pense de toi...
Une fois de plus, je ne répond pas.
Tandis que nous sillonnons les larges galeries désertes de la Krips, je repense à cette dernière phrase de Sajuko : J'espère seulement que tu ne vas pas me décevoir sur ce que je pense de toi. Ce que je pense de toi. Mais que pense-t-il de moi ? Me connaît-il seulement ? Pourquoi me fait-il ce cadeau alors qu'il n'en à aucune raison ? Et comment ce fait-il que même si je refuse de l'avouer, j'ai aveuglément confiance en lui, alors que ne l'avais jamais rencontré ?
Je pose mon regard sur le tatoueur : Il marche en tête, d'un pas rapide et assuré. Quel âge a-t-il exactement ? Une cinquantaine d'année, soixante peut-être, il semble avoir garder la forme et l'assurance de sa jeunesse. Et il ne se retourne pas pour voir si je le suis toujours, comme le faisait de temps à autres 217. Il me fait confiance lui aussi.